Hélène Dorion, Mes forêts (2021), « Mes forêts sont des bêtes qui attendent la nuit »

Mes forêts sont des bêtes qui attendent la nuit
pour lécher le sang de leurs rêves
gratter la terre⠀⠀gratter l’écorce
boire l’offrande et se glisser
dans un lit rempli de lucioles

mes forêts sont une planète silencieuse

une éclipse qui fléchit la nuit
le bois de barques à la dérive
alors qu’on croirait tout immobile

elles sont un dessin de nature morte1
ignorant les écrans
sur lesquels on les regarde
sans jamais les voir⠀⠀mes forêts

sont chemin de chair et marées de l’esprit
un verbe qui se conjugue lentement
loin de facebookinstagramtwitter

mes forêts sont des rivages
accordés à mes pas⠀⠀la demeure
où respire ma vie